Je n'étais Qu'un Enfant : L'Impact de la Perte sur ma Vie Professionnelle
- piednoir
- 7 déc. 2024
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 1 janv.
Quand l’enfance s’arrête brutalement
Je me souviens du jour où ma vie a basculé. J’ai 10 ans presque 11 et le monde autour de moi s'effondre. Mon père, ma figure de stabilité, de sécurité n’est plus là. Le décès d’un parent est un choc pour n’importe quel enfant. Mais quand on est trop jeune pour comprendre, trop fragile pour encaisser, la douleur devient une fissure invisible qui s’étend silencieusement à travers les années.
Ce jour-là, je ne perds pas seulement un père. Je perds une part de mon insouciance, de ma foi en la vie. À partir de cet instant, je ne vois plus le monde avec les yeux d’un enfant mais avec ceux d’un survivant. Aujourd'hui, je survis toujours.
Grandir trop vite dans un monde trop dur
Après sa mort, je me retrouve seul face à une famille dysfonctionnelle. Les silences remplacent les mots d’encouragement. Les absences pèsent plus lourd que les présences. Très vite, je comprends que si je veux avancer, je dois me débrouiller seul.
Je n’ai pas de photos de moi enfant. Pas de clichés immortalisant un sourire, un anniversaire, ou un moment de complicité avec mon père, mes frères ou ma sœur. C’est comme si mon passé n’avait pas laissé de trace visible, comme si ces moments avaient existé sans vraiment exister. Ils devaient être là, sans être là. Je ne sais pas. Peut-être que l’absence d’images reflète l’absence de chaleur, de repères, de ce que j’aurais voulu ressentir mais qui m’a manqué.
Je traverse mon adolescence dans une sorte de brouillard. Déprimé, perdu, je me sens étranger au monde qui m’entoure. À l’école, je décroche. À la maison, je m’efface. Mais quelque part, au fond de moi, une petite voix résiste. Une voix qui me dit : “Tu ne peux pas t’arrêter là.”
C’est cette voix qui me pousse à me battre, à essayer de construire quelque chose malgré tout. Je veux prouver que je peux réussir, que je peux devenir quelqu’un, même si je n’ai pas eu les bases solides que d’autres ont reçues.
L'unique photo de mon père

La perte comme moteur… et comme poids
Quand je commence ma vie professionnelle, je me rends vite compte que la perte de mon père m’a façonné de manière indélébile. Elle m’a donné une détermination féroce. Je veux réussir, non pas pour briller mais pour prouver à moi-même et au monde que je peux exister, que je mérite ma place, prouver aux autres, à ma mère....
Cette perte est un poids que je porte en silence. Je me sens souvent en décalage avec mes collègues. Les discussions légères, les plaisanteries sur les parents ou les souvenirs d’enfance me laissent un goût amer. Je souris, je fais semblant de participer mais au fond, je sens ce vide. Je parle de moi mais réellement jamais de moi.
Dans mon travail, je mets une pression immense sur mes épaules. Chaque échec, même minime me renvoie à cette peur profonde de ne pas être assez, de ne pas être à la hauteur.
La lutte contre l’auto-sabotage
Je réalise avec le temps que je porte une blessure non cicatrisée qui influence mes choix, mes réactions, mes aspirations. souvent, je me sabote. Je me dis que je ne mérite pas la réussite, que tout ce que je construis finira par s’effondrer, comme l’a fait ma vie d’enfant. Je ne sais pas pourquoi mais j'en suis convaincu. Tout s'effondrera ! Alors pourquoi construire ?
Mais il y a aussi des moments où cette douleur devient une source de force. Elle me pousse à aller plus loin, à chercher du sens dans ce que je fais. Je me tourne vers des métiers où je peux aider les autres, comme si en soutenant ceux qui souffrent, je pouvais réparer une part de moi-même.
Apprendre à vivre avec la perte
Aujourd’hui, je ne prétends pas avoir trouvé toutes les réponses. La perte de mon père reste une cicatrice profonde. Elle influence encore ma manière d’aborder le travail, les relations et même la vie . Mais j’apprends à vivre avec elle.
J’apprends que cette douleur, bien qu’insoutenable à certains moments m’a aussi rendu plus hypersensible, plus humain. Elle m’a appris que chaque personne porte un poids invisible, un deuil ou une bataille que personne d’autre ne voit. Je vous avoue, ma douleur est parfois si forte que je peux quelque fois difficilement entendre celle de l'autre. Je m'en excuse, je n'en suis pas coupable.
J’apprends aussi à lâcher prise. À comprendre que je ne peux pas toujours être parfait, que la réussite ne définit pas ma valeur et que l’échec fait partie du chemin.
Un message pour ceux qui portent une perte en silence
Si vous lisez ces lignes et que vous portez vous aussi une perte, un vide, un chagrin qui vous suit partout, sachez ceci : vous n’êtes pas seul(e)
Votre douleur, aussi immense soit-elle, n’efface pas votre valeur. Elle ne vous définit pas. Vous avez le droit de trébucher, de douter, de pleurer. Mais vous avez aussi le droit de rêver, de construire, d’espérer.
J’ai mis du temps à comprendre que la vie n’est pas une ligne droite. Elle est pleine de chaos, de pertes, mais aussi de résilience et d’amour.
Le décès de mon père m’a brisé, mais il m’a aussi appris à me relever. Et si je peux me relever, alors vous le pouvez aussi. Pour tous ceux qui voudraient savoir, je ne suis pas encore totalement débout ! Serais je réellement debout un jour, je ne sais pas. Dans l'instant, je construis ma vie comme elle vient.
C’est dans ces moments de vulnérabilité que nous découvrons notre véritable force. Alors, avançons. Ensemble.
🔆 Christophe PIEDNOIR
Accompagner les Personnes dans leur Insertion Sociale et Professionnelle avec Expertise, Bienveillance et Impact. ▶️ Intérêt pour la Santé, le Handicap et la Réhabilitation ▶️ Construisons ensemble !



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