On ne peut pas arrêter les vagues mais on peut apprendre à surfer
- piednoir
- 28 oct.
- 4 min de lecture
« You can’t stop the waves, but you can learn to surf. » – Jon Kabat-Zinn On ne peut pas arrêter les vagues, mais on peut apprendre à surfer. Cette phrase, à la fois simple et abyssale, nous rappelle une vérité essentielle :la vie ne nous demande pas de tout maîtriser, mais d’apprendre à danser avec ce qui nous dépasse.

L’impossible maîtrise
Il y a des matins où la mer intérieure se lève sans prévenir.Une vague d’angoisse, de fatigue, de tristesse, ou simplement ce trop-plein qui monte sans nom.On voudrait la retenir, dresser un barrage de raison, fermer les écoutilles de l’esprit. Mais la mer n’obéit à personne.
La vie, comme elle, suit ses marées.
Pendant longtemps, j’ai cru que la force consistait à tenir bon, à contrôler, à comprendre. Trente ans de métier dans la santé, à soigner, écouter, former.Toujours debout, toujours solide. Jusqu’au jour où la vague m’a rattrapé .Un effondrement intérieur. Le corps qui dit stop, l’âme qui ne suit plus.
Alors j’ai compris :
On ne guérit pas de la mer. On apprend à vivre avec elle.
Quand la vague submerge
La première vague ne dit pas son nom. Elle se présente sous les traits de la fatigue, du découragement, d’un manque de sens .Puis elle grossit, lentement, jusqu’à tout recouvrir.
Il y a ces périodes où tout semble vaciller :le travail perd sa saveur, les nuits deviennent longues, la confiance s’effrite.Et dans ce flou, on tente de “gérer”. On rationalise, on s’accroche, on s’agite.Mais plus on lutte, plus la vague gagne en force.
💭 Ce n’est pas la mer qui tue, c’est la peur de couler.
Accepter d’être submergé, ce n’est pas renoncer. C’est reconnaître notre humanité, notre sensibilité, notre vulnérabilité. C’est admettre qu’il y a des moments où la seule chose à faire… c’est flotter.
Apprendre à surfer
Surfer n’est pas dompter. C’est un dialogue fragile entre soi et le mouvement, entre la peur et la confiance.
Au début, on tombe souvent. On boit la tasse, on râle, on doute. Mais, peu à peu, on comprend que l’équilibre ne vient pas du contrôle, mais de la présence.
Apprendre à surfer, c’est apprendre à ressentir. À écouter les signaux du corps, à respecter ses limites, à trouver son rythme.
Pour moi, ce surf intérieur a pris la forme d’un long voyage :1 700 kilomètres sur le chemin de Compostelle. Je croyais partir en quête de réponses. J’ai trouvé le silence, la lenteur, la fatigue et… la paix. Marcher seul, jour après jour, c’est apprendre à faire corps avec la vague. À ne plus la craindre, mais à la suivre.
Surfer, c’est cesser de vouloir maîtriser. C’est dire oui au mouvement.
Les bons outils : planche, souffle et regard
Aucun surfeur ne part sans sa planche .Dans la vie, nos planches sont ces outils qui nous aident à traverser :la respiration, la thérapie, la parole, l’écriture, la nature, la créativité.
🧘♂️ Le souffle
Le souffle, c’est notre ancre. Revenir à sa respiration, c’est revenir à soi.Un simple “j’inspire, j’expire” suffit parfois à rétablir la connexion entre le corps et l’esprit.
La pleine conscience, ce n’est pas être zen tout le temps,c’est être présent à ce qui est là, même quand ça fait mal.— Jon Kabat-Zinn
✍️ L’écriture
Écrire, c’est déjà surfer un peu. C’est donner forme au chaos, tracer une ligne dans la mer intérieure.Les mots deviennent planche. Ils permettent de ne pas sombrer, de garder la tête hors de l’eau.
🌅 Le regard
Quand on apprend à surfer, on a tendance à fixer la vague — c’est une erreur .Le secret, c’est de regarder plus loin, vers l’horizon.Dans la vie, c’est pareil : plus on se concentre sur la peur, plus elle grandit. Regarder plus loin, c’est garder foi en ce qui vient, même quand on ne le voit pas encore.
Les autres surfeurs
Sur la plage, personne ne surfe seul. Certains débutent, d’autres tombent, d’autres tendent la main. Dans la vie aussi, nous avons besoin les uns des autres.
Sur le chemin de Compostelle, j’ai rencontré des visages lumineux, des âmes cabossées, des regards sincères. Des compagnons de route qui, sans le savoir, m’ont aidé à remonter sur ma planche.
Et dans mon métier d’infirmier, j’ai vu cette même humanité discrète :les rires au milieu de la fatigue, les gestes d’entraide,les mots simples qui réparent : « Je te vois. Tu tiens debout. Continue. »
On ne guérit jamais seul, même si le chemin se fait à la première personne.
Ces présences, ces liens, sont des bouées de sauvetage. Elles ne calment pas la mer, mais elles nous rappellent que nous pouvons la traverser ensemble.
L’art d’aimer les vagues
Un jour, on cesse de craindre la mer. Non pas parce qu’elle devient calme, mais parce qu’on découvre qu’elle est belle, même dans sa violence. Les vagues ne sont plus des ennemies, mais des messagères .Elles disent : « Regarde, tu es vivant. »
Aimer les vagues, c’est aimer le mouvement, la transformation, la fragilité du présent.C’est comprendre que la stabilité n’est pas dans le contrôle, mais dans l’ajustement.
Ce n’est pas la mer qui change,c’est le regard que l’on pose sur elle.
Aimer les vagues, c’est aussi aimer ses propres marées :ses hauts et ses bas, ses jours pleins de lumière et ceux noyés de gris. C’est accepter que la vie soit imparfaite, mouvante, et profondément humaine.
Danser avec la mer
Apprendre à surfer, c’est apprendre à vivre. C’est comprendre que la paix ne vient pas après la tempête, mais au cœur même du tumulte. J’ai longtemps attendu que la mer se calme pour être heureux. Aujourd’hui, je sais que le bonheur se trouve dans le mouvement ,dans ce fragile équilibre entre la peur et la confiance.
Tant qu’il y aura des vagues, il y aura des surfeurs. Tant qu’il y aura des épreuves, il y aura des vivants.
La vie ne se maîtrise pas .Elle se traverse. Et dans cette traversée, ce n’est pas la perfection qui compte, mais la fidélité à soi, même quand tout tangue.
Alors oui, les vagues continueront de venir. Mais cette fois, tu sauras les reconnaître. Tu sauras tomber, rire, recommencer. Et peut-être, un jour, tu te surprendras à sourire au beau milieu du chaos.
Parce qu’au fond, la vie n’a jamais été une mer d’huile. Elle a toujours été un océan. Et toi, tu es né pour apprendre à surfer.
Mes amitiés Christophe



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