Et Si je N'étais Pas mes Pensées
- piednoir
- 19 avr.
- 5 min de lecture
Tu es là, assis dans un open-space ou seul dans ta cuisine reconvertie en bureau. Une tâche à terminer, une réunion à préparer, un email que tu n’osess pas envoyer. Et cette pensée qui surgit, comme un éclair dans un ciel déjà chargé : « Je suis nul », « Je n’y arriverai jamais », « Je ne suis pas fait pour ça », « Ils vont finir par voir que je ne suis pas à la hauteur ».
Des pensées comme celles-ci, j’en ai tous les jours. Comme vous, comme beaucoup. Elles arrivent, souvent sans prévenir, parfois déguisées en vérités absolues. Et elles pèsent. Elles enferment. Elles finissent par nous faire douter de nos compétences, de notre légitimité, de notre valeur.
Mais alors… qu’est-ce qu’une pensée ? Où se situe la vérité ? Et pourquoi devrais-je accorder plus d’importance à une pensée qu’à une autre ?

Une pensée, ce n’est pas la vérité
Une pensée est une production de l’esprit. Une image mentale, une idée, une interprétation, un jugement, une croyance. Elle peut être logique, absurde, belle, cruelle, utile, toxique. Elle peut apparaître sous forme de mots, de souvenirs, d’anticipations, de scénarios catastrophes.
Mais surtout : une pensée n’est pas un fait.
Dire "Je vais échouer" n’est pas synonyme d’échec. Dire "Je suis un imposteur" ne fait pas de moi un imposteur. C’est une hypothèse. Une narration intérieure. Un prisme déformant.
Et pourtant, on a tendance à croire à nos pensées comme si elles étaient des lois universelles. Pourquoi ? Parce que notre cerveau est programmé pour donner un sens au monde, pour anticiper, pour se protéger. Et dans cette quête de contrôle, il fabrique des pensées comme un écrivain construit un scénario. Mais un scénario n’est pas la réalité.
Quand les pensées deviennent des pièges
Dans le monde du travail, ces pensées prennent parfois une forme redoutable :
"Je suis trop vieux pour me reconvertir"
"Je n’ai rien d’intéressant à dire en entretien"
"Les autres sont meilleurs que moi"
"Si je demande de l’aide, je vais passer pour un incapable"
"Je ne retrouverai jamais de travail après cet arrêt maladie"
Ces pensées ne sont pas anodines. Elles influencent nos comportements : on évite, on procrastine, on s’autocensure, on s’épuise à vouloir tout prouver… et on finit par valider la pensée initiale. C’est ce que la thérapie cognitive et comportementale (TCC) appelle un cercle vicieux cognitif.

La TCC : apprivoiser ses pensées
La thérapie cognitive et comportementale nous apprend une chose essentielle : ce n’est pas la situation en elle-même qui cause notre mal-être, mais l’interprétation que nous en faisons.
Prenons un exemple :
Situation : Je n’ai pas été retenu pour un poste.
Pensée automatique : « Je suis nul, je n’y arriverai jamais ».
Émotion : tristesse, frustration, découragement.
Comportement : je n’envoie plus de candidatures, je m’isole.
Résultat : je me sens encore plus incompétent, je confirme ma croyance initiale.
Et si je changeais la pensée ?
Pensée alternative : « Ce poste ne me correspondait peut-être pas, je vais continuer à chercher un emploi qui me conviendra mieux ».
Émotion : déception, mais aussi espoir.
Comportement : je retravaille mon CV, je postule ailleurs.
La situation ne change pas, mais la perception change tout.
Comment restructurer une pensée négative ?
Voici une méthode simple issue des TCC, qu’on appelle souvent la technique des 3 colonnes :
Pensée automatique : Qu’est-ce que je me dis ?
Distorsion cognitive : Quelle erreur de raisonnement je fais ? (généralisation, lecture de pensée, dramatisation, etc.)
Pensée alternative : Quel serait un point de vue plus réaliste, plus aidant ?
Exemple :
Pensée automatique : « Je ne suis pas à la hauteur pour ce poste »
Distorsion : dramatisation, filtre négatif
Pensée alternative : « J’ai encore des choses à apprendre, mais j’ai aussi des compétences que je peux mettre en avant »
Cette méthode demande de la pratique, de la bienveillance envers soi et parfois un accompagnement. Mais elle peut véritablement transformer notre rapport à nous-mêmes.
Travailler sur ses pensées, c’est aussi reconstruire son avenir
Dans une période de reconversion professionnelle, ou après un burn-out, un licenciement, un arrêt longue maladie, les pensées négatives affluent. Elles sont parfois très anciennes. Héritées d’un passé scolaire, d’une éducation, de précédents échecs.
Mais elles ne sont pas vous. Elles ne sont qu’une partie de votre histoire. Et vous avez le droit d’en écrire une nouvelle.
Imaginez votre cerveau comme une radio. Certaines stations diffusent du « Je suis nul FM » ou du « Catastrophe Info ». Mais il existe d’autres fréquences. Il est possible d’apprendre à tourner le bouton.
Quelques pensées alternatives à cultiver
« Je ne suis pas parfait, et c’est ok »
« J’ai le droit de ne pas tout savoir »
« J’ai déjà surmonté des épreuves, je peux en traverser d’autres »
« Je fais de mon mieux avec ce que j’ai »
« Ce n’est pas parce que je doute que je suis incapable »
« Je peux apprendre, évoluer, changer »
Des phrases percutantes à se rappeler
« Ne croyez pas tout ce que vous pensez. » – Byron Katie
« Ce n’est pas l’événement qui me fait souffrir, mais l’idée que je m’en fais. » – Épictète
« Une pensée n’est qu’une pensée. Ce n’est pas vous. » – Steven Hayes
« Vos pensées ne méritent pas toutes un débat parlementaire. » – Christophe André
En conclusion : accueillir, questionner, transformer
Changer sa manière de penser ne signifie pas devenir naïf ou positif à tout prix. Cela veut dire : choisir quelles pensées nourrissent votre élan, votre estime, votre reconstruction.
Si une pensée vous tire vers le bas, vous empêche d’agir, vous éloigne de vos valeurs : interrogez-la. Mettez-la à l’épreuve. Cherchez des preuves contraires. Élargissez le regard.
Vous n’êtes pas vos pensées. Vous êtes la personne qui peut les observer, les comprendre, les dépasser.
Et dans le monde du travail, en pleine mutation, dans les parcours de reconversion, dans les chemins cabossés de la vie professionnelle, cela fait toute la différence.
À retenir :
Une pensée n’est pas un fait.
Nos pensées influencent nos émotions et nos comportements.
Les TCC permettent d’identifier et de restructurer les pensées négatives.
Se reconstruire passe par un dialogue plus bienveillant avec soi-même.
Ce chemin demande du temps, de la patience, parfois de l’aide. Mais il est possible. Et il commence maintenant.
"Et si cette pensée, aujourd’hui, n’était qu’un nuage ? Et si je la laissais passer ?"
Cet article est dédié à celles et ceux qui doutent, qui se relèvent, qui osent. Parce qu’aucune pensée ne peut définir qui vous êtes réellement.
Christophe PIEDNOIR
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